Le soir même, Pauline, en descendant la route de Xhoffraix,
vit surgir une ombre d'un buisson de genévriers. Cette ombre sans
forme définie vint se placer à ses côtés. Le
fantôme ne prononça point un mot, ni ne fit point un geste.
Au bout d'une minute, Pauline se retrouva soudain seule. La paysanne sentit
peser la malédiction sur ses épaules.
Après cette horrible expérience, nul ne la revit. Il se dit
que jamais elle ne prit mari.
Le berger, quant à lui, tint sa parole. Il revint hanter
les nuits du plateau, non pas seul, mais avec les boeufs et son chien Blanc
Pi, qui ne pouvaient le quitter dans la mort. Et les paysans apeurés
entendaient, par intervalles, la voix rauque de Gilles appeler son compagnon.
"Té, Blanc Pî, té !... Volez-v'vini voci !"
Suivaient la chute métallique du bâton à anneaux du
berger et la ruée des sabots sur la terre. Pourtant, aucune piste
ne fut jamais relevée...