HAUTE-FLONE A HUY

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Un peu d'histoire ...

Vers 1075, trois laïcs, Raoul, Folcuin et Lambert, décidèrent d'abandonner à l'Eglise leurs biens en Hesbaye, pour se consacrer à la vie religieuse. L'évêque de Liège, Henri de Verdun, les envoya alors à Flône, là où la Meuse rencontre le ruisseau parallèle à la voie romaine Tongres-Arlon, afin de protéger les voyageurs.

Défrichant de leurs propres mains la terre ingrate qui les environnait, les trois frères édifièrent plusieurs moulins sur la Flône, un hôpital, et un oratoire dédié à saint Matthieu. Ainsi naquit l'abbaye de Flône, qui rassemblait des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin. Elle tirait ses revenus de nombreux domaines et paroisses, de droits sur les bois et sur la pêche en Meuse et, plus tard, de l'exploitation du sous-sol.

Comme les autres établissements religieux, l'abbaye eut à subir les tourments de l'histoire, particulièrement lors des guerres de religion. Elle fut notamment pillée et incendiée en 1568 lors du passage des troupes de l'armée du prince d'Orange. Supprimée à la révolution française, elle passa aux mains de particuliers puis, en 1921, devint la maison-mère des Dames de l'Instruction Chrétienne.

Les bâtiments actuels de l'abbaye ont été reconstruits essentiellement sous l'abbatiat de Guillaume de Hemricourt (1636-1670) et de son neveu Dieudonné de Hemricourt (1670-1692): le plus gros des travaux se situa entre 1658 et 1661. Les constructions forment un ensemble clôturé et fermé par des hauts murs. L'église Saint-Matthieu (1), les bâtiments conventuels et les communs s'articulent autour de deux cours. Les bâtiments de l'autre côté de la chaussée (château Goffart) ont été élevés plus récemment, en 1905.

Les bâtiments

Dans la Cour des Communs, la brasserie (2) fut édifiée sous l'abbé Philippe d'Orjo (1545-1555), dont la superbe pierre tombale est encastrée dans le transept de l'église. Cette très belle construction, remaniée aux XVIle et XVllle siècles, est la partie la plus ancienne de l'abbaye. Présente à Flône comme en de nombreuses abbayes, la brasserie servait également de pressoir à vin.

A la brasserie faisaient suite le moulin, la grange, le porche et le colombier, construits sous Thomas de Vinalmont (1608-1623). Des ateliers, des étables et le logis du personnel ouvrier et domestique étaient probablement inclus dans ces bâtiments. Occupés par un fermier au XIXe siècle, ces constructions, ravagées par un incendie en 1893, furent restaurées en 1905 puis rehaussées après 1974.

La maison de la dîme (3) fut érigée sous l'abbé Jean-Jérôme de Schroots (1725-1742); elle servait à la réception des redevances des manants pour l'entretien de l'église ou la culture des terres. On dit qu'une des portes cochères accueillait les paysans et que l'autre ouvrait sur la remise du carrosse de l'abbé.

L'église, les ailes conventuelles et la tour d'angle (4) furent construites sous l'abbatiat de Guillaume de Hemricourt (1636-1670) et de son neveu, Dieudonné de Hemricourt (1670-1692).

La prélature (5) fut renouvelée sous l'abbé Charles Delvaux de Fenffe (1742-1778), le seul abbé dont le portrait ait été conservé à l'abbaye.

C’était la demeure de l’abbé, mais aussi un lieu d'accueil ou de réception : parloirs et salons occupent encore le rez-de-chaussée.


L'église Saint-Matthieu (1)
L'église, en forme de croix latine, joint et distingue à la fois la partie des communs et la partie canoniale de l'abbaye; elle fut reconstruite dans le troisième quart du XVIle siècle.

Dans la nef. Les fonts baptismaux (XIle s.) et le bénitier romans, gravés de figures symboliques, sont remarquables. Cinq pierres tombales d'abbés, simples ou doubles, sont conservées dans l'église; en marbre noir de Theux, elles datent des XVle et XVlle siècles.

Dans le chœur, les stalles, de 1662, sont sculptées de colonnes torses à chapiteaux corinthiens et de nombreux reliefs imagés. Le maître-autel, en marbre orné d'éléments dorés, date de 1665. Les tableaux des pans de l'abside, figurant saint Matthieu et saint Augustin, sont placés dans des cadres circulaires de bois sculpté attribués à Jean Delcour (1631-1707). Toutes les peintures de l'église sont l'œuvre d'Englebert Fisen (1655¬1733).

Au XIXe siècle, l'église s'enrichit de deux confessionnaux, du baldaquin néoclassique abritant la châsse de sainte Denise, du tabernacle en bois doré appuyé au mur sud du bras du transept et de la lampe de sanctuaire pendue à la clé de voûte de la première travée du chœur.

Les vitraux abstraits, oeuvre remarquable d'Armand Romainville, ont été posés à partir de 1964. Les bancs de l'église et l'autel actuel datent de 1973. Le tabernacle du choeur, une statue de, la Vierge à l'Enfant et le chemin de croix sont également récents.

Enfin, le buffet et l'orgue de l'église constituent incontestablement le plus beau joyau de Flône; classées dans le Patrimoine Majeur de Wallonie, les orgues ont été réalisées en 1710 par le facteur malinois Karel Dillens, et sont considérées par beaucoup comme les plus belles de Wallonie. La console des orgues de Flône est moins connue du public. En outre, c'est l'un des deux seuls «trois claviers» de l'arrondissement Huy-Waremme, ce qui renforce son caractère exceptionnel.

L'Abbaye de Flône est une propriété privée, seule l'église paroissiale est accessible au public. Pour le reste (cour des communs et cour intérieure), courtoisie et discrétion sont de rigueur ... L'accès à l'intérieur des bâtiments est strictement interdit sans autorisation.

Collège des Bourgmestre et Echevins d'Amay