Comme les autres établissements religieux, l'abbaye
eut à subir les tourments de l'histoire, particulièrement
lors des guerres de religion. Elle fut notamment pillée et incendiée
en 1568 lors du passage des troupes de l'armée du prince d'Orange.
Supprimée à la révolution française, elle passa
aux mains de particuliers puis, en 1921, devint la maison-mère des
Dames de l'Instruction Chrétienne.
Les bâtiments actuels de l'abbaye ont été
reconstruits essentiellement sous l'abbatiat de Guillaume de Hemricourt
(1636-1670) et de son neveu Dieudonné de Hemricourt (1670-1692):
le plus gros des travaux se situa entre 1658 et 1661. Les constructions
forment un ensemble clôturé et fermé par des hauts murs.
L'église Saint-Matthieu (1), les bâtiments conventuels
et les communs s'articulent autour de deux cours. Les bâtiments de
l'autre côté de la chaussée (château Goffart)
ont été élevés plus récemment, en 1905.
Les bâtiments
Dans la Cour des Communs, la brasserie (2) fut édifiée
sous l'abbé Philippe d'Orjo (1545-1555), dont la superbe pierre tombale
est encastrée dans le transept de l'église. Cette très
belle construction, remaniée aux XVIle et XVllle siècles,
est la partie la plus ancienne de l'abbaye. Présente à Flône
comme en de nombreuses abbayes, la brasserie servait également de
pressoir à vin.
A la brasserie faisaient suite le moulin, la grange, le porche
et le colombier, construits sous Thomas de Vinalmont (1608-1623). Des ateliers,
des étables et le logis du personnel ouvrier et domestique étaient
probablement inclus dans ces bâtiments. Occupés par un fermier
au XIXe siècle, ces constructions, ravagées par un incendie
en 1893, furent restaurées en 1905 puis rehaussées après
1974.
La maison de la dîme (3) fut érigée
sous l'abbé Jean-Jérôme de Schroots (1725-1742); elle
servait à la réception des redevances des manants pour l'entretien
de l'église ou la culture des terres. On dit qu'une des portes cochères
accueillait les paysans et que l'autre ouvrait sur la remise du carrosse
de l'abbé.
L'église, les ailes conventuelles et la tour d'angle
(4) furent construites sous l'abbatiat de Guillaume de Hemricourt (1636-1670)
et de son neveu, Dieudonné de Hemricourt (1670-1692).
La prélature (5) fut renouvelée sous
l'abbé Charles Delvaux de Fenffe (1742-1778), le seul abbé
dont le portrait ait été conservé à l'abbaye.
C’était la demeure de l’abbé, mais
aussi un lieu d'accueil ou de réception : parloirs et salons occupent
encore le rez-de-chaussée.
L'église Saint-Matthieu (1)
L'église, en forme de croix latine, joint et distingue à la
fois la partie des communs et la partie canoniale de l'abbaye; elle fut
reconstruite dans le troisième quart du XVIle siècle.
Dans la nef. Les fonts baptismaux (XIle s.) et le bénitier
romans, gravés de figures symboliques, sont remarquables. Cinq pierres
tombales d'abbés, simples ou doubles, sont conservées dans
l'église; en marbre noir de Theux, elles datent des XVle et XVlle
siècles.
Dans le chœur, les stalles, de 1662, sont sculptées
de colonnes torses à chapiteaux corinthiens et de nombreux reliefs
imagés. Le maître-autel, en marbre orné d'éléments
dorés, date de 1665. Les tableaux des pans de l'abside, figurant
saint Matthieu et saint Augustin, sont placés dans des cadres circulaires
de bois sculpté attribués à Jean Delcour (1631-1707).
Toutes les peintures de l'église sont l'œuvre d'Englebert Fisen
(1655¬1733).
Au XIXe siècle, l'église s'enrichit de deux
confessionnaux, du baldaquin néoclassique abritant la châsse
de sainte Denise, du tabernacle en bois doré appuyé au mur
sud du bras du transept et de la lampe de sanctuaire pendue à la
clé de voûte de la première travée du chœur.
Les vitraux abstraits, oeuvre remarquable d'Armand Romainville,
ont été posés à partir de 1964. Les bancs de
l'église et l'autel actuel datent de 1973. Le tabernacle du choeur,
une statue de, la Vierge à l'Enfant et le chemin de croix sont également
récents.
Enfin, le buffet et l'orgue de l'église constituent
incontestablement le plus beau joyau de Flône; classées dans
le Patrimoine Majeur de Wallonie, les orgues ont été réalisées
en 1710 par le facteur malinois Karel Dillens, et sont considérées
par beaucoup comme les plus belles de Wallonie. La console des orgues de
Flône est moins connue du public. En outre, c'est l'un des deux seuls
«trois claviers» de l'arrondissement Huy-Waremme, ce qui renforce
son caractère exceptionnel.
L'Abbaye de Flône est une propriété
privée, seule l'église paroissiale est accessible
au public. Pour le reste (cour des communs et cour intérieure), courtoisie
et discrétion sont de rigueur ... L'accès à
l'intérieur des bâtiments est strictement interdit sans autorisation.
Collège des Bourgmestre et Echevins d'Amay