LA CALESTIENNE DE GARE EN GARE

 

La Calestienne, genèse d'un régionyme

 

Calestienne, un son qui sonne bien, un vieux mot bien de chez nous, et pourtant... sans nom, pas d'existence...

Les hommes, les lieux, les choses n'existent que si on les nomme. Nommer, c'est faire exister; plutôt : c'est donner la conscience d'exister. Ainsi en est-il de la Calestienne : une région particulière de notre pays, qui existe de toute éternité, mais qui a vécu longtemps dans l'ombre de la Famenne, dans laquelle elle s'est toujours fondue et confondue.
Quelle est l'origine du mot Calestienne ? L’articulet écrit par Jacques DUVIGEAUD en 1974 (2), répond à un certain nombre de questions et évoque la genèse de l'appellation géographique.

En voici le paragraphe essentiel :

« Quand ce mot Calestienne a-t-il été utilisé pour la première fois et qui l'a introduit en cette occasion ? Ce serait, d'après le Prof M. BOUDRU, le forestier belge L. BLONDEAU qui en porterait la paternité. Dans le tome 28 (1925) du «Bulletin de la Société centrale forestière de Belgique», le mot Calestienne est utilisé à la p. 123, dans l'expression «la base schisteuse des mamelons calcaires dits Calestiennes» et défini ainsi en note infrapaginale : «On entend par Calestiennes les affleurements calcaires de la Famenne et de l'Entre-Sambre-et-Meuse». A la p. 364 du même tome, le mot est à nouveau cité : «en Calestienne, comme on a baptisé les friches calcaires d'Entre-Sambre-et-Meuse». Mais c'est à la p. 201 du même bulletin que l'origine du mot est précisée, dans une note signée B., initiale désignant L. BLONDEAU «... Ceci dit, Calestienne est du terroir sambre-meusien; les gens de ce pays appellent ainsi les collines calcaires qui s'étendent au nord des grès et des schistes rouges du Burnotien jusqu'aux schistes gris (agauches) de la Fagne; on dénomme encore ainsi les pitons de calcaire qui dépassent le nord de la Fagne ou y sont répartis. C'est nous qui avons introduit ce nom dans la terminologie officielle au cours d'une gestion qui englobait pendant la guerre toutes les forêts publiques du sud du Hainaut et de la province de Namur. Si le calschiste ou calc-schiste est une roche schisteuse avec rognons de calcaire argileux, la Calestienne est une masse, une montagne de calcaire, des étages Couvinien, Frasnien ou Givétien.».

La paternité initiale semble bien devoir être accordée à l'ingénieur forestier L. BLONDEAU durant la première guerre mondiale. Le terme, introduit par ce biais dans le milieu des Eaux et Forêts, a pourtant eu du mal à se faire connaître. On le rencontre, toujours dans le même milieu professionnel, une première fois, en 1930, dans l'ouvrage collectif La province de Namur 1830-1930, sous la plume [pseudonyme ?] de Léon PÉCHON : «... le Viroin, belle rivière de Calestienne» (t. II, p. 218), une seconde fois en 1937 dans le guide sur Chimay des Éditions Cosyn : «Les environs de Chimay relèvent de trois zones distinctes : la Thiérache au sud (région ardennaise), la Calestienne (région calcaire) et la Fagne au nord (région schisteuse)... ».

Entretemps, Camille FRANCOTTE, un botaniste amateur de la région, a pressenti l'utilité de cette dénomination pour sa discipline et, en 1936 pour la première fois, l'introduit dans une revue de botanique.

Cela ne suffira pas pour populariser le terme. Il faudra attendre 1971 pour une renaissance de la dénomination, cette seconde paternité étant attribuée à un autre botaniste, Jacques DUVIGNEAUD. Dans un article, il réhabilite le terme Calestienne comme synonyme de «bande calcaire», en plaidant pour l'unité de cette région et pour la distinction Fagne/Calestienne «absolument nécessaire pour un fioriste, un phytogéographe ou un phytosociologue». C'est le grand départ, l'essor décisif.

Depuis lors en effet, le terme est devenu d'un usage courant, du moins dans les publications de botanistes et, progressivement, chez les géographes, géologues et les tenants d'autres disciplines voisines. Il a allègrement passé la Meuse et l'on peut donc parler de Calestienne jusqu'à Aywaille.

Cette fortune du mot Calestienne est bien sûr compréhensible. Dès le moment où la région avait été individualisée du point de vue scientifique, il était impératif de la désigner de façon distincte et commode. Les périphrases du type «bande à calcaire», «gradin calcaire», «zone méridionale de la Famenne», etc., ne faisaient pas le poids en face de leur challenger — un «enfant du crû» pourrait-on dire — qui présentait l'avantage indéniable de bien sonner, d'avoir une couleur très locale et surtout d'être associé, dans l'esprit de ses promoteurs, aux fameux tiennes calcaires spécifiques de cette région.

Jean GERMAIN - De la Meuse à l'Ardenne - N°16 (1993) - LA CALESTIENNE

 

Roche Hulobiez

 

 

Géologie de la Calestienne

 

Sa limite sud, c'est le talus ardennais qui, sur une très courte distance, marque un dénivelé d'une bonne centaine de mètres. Partiellement schisteuse, cette région doit cependant son nom à son épine dorsale calcaire, large seulement de quelques kilomètres (2 à 4), qui forme un cordon de collines de 250 à 300 mètres d'altitude s'étalant sur près de 130 km d'ouest en est, et ce de Chimay à Remouchamps en passant par l'enclave française de Givet. Sa limite nord, quant à elle, est constituée par la plaine schisteuse de Fagne -Famenne, d'altitude moyenne plus basse, de l'ordre de 200 mètres, d'où se détachent cependant encore de-ci de-là des collines calcaires rondes d'ailleurs, beaucoup plus nombreuses en Fagne qu'en Famenne.

La Calestienne, sorte de gradin naturel précédant l'Ardenne est constituée de roches de type sédimentaire: il s'agit principalement de calcaires et de schistes. En fait, ces roches sédimentaires sont le résultat du «cimentage» de nombreuses particules minérales (argile, grains de sable, etc.). Chez nous, ces particules se sont déposées il y a des millions d'années sur le fond d'anciennes mers, principalement là où le fond était subsident .

Pendant des millions d'années, ces sédiments se sont empilés en couches les unes sur les autres. Progressivement, et sous le poids des couches supérieures, les sédiments meubles des couches inférieures se sont déshydratés et finalement les grains de sable, d'argile, etc. se sont soudés les uns aux autres. C'est ce que l'on appelle la diagenèse. Les sédiments meubles se transforment alors en roches cohérentes, là, dans ces zones capables de «piéger» de grandes quantités de sédiments qu'on appelle des «zones géosynclinales». On appelle «géosynclinal varisque» l'endroit où se sont accumulés les sédiments qui ont, par la suite, fourni les roches de la région.



Là, le schiste; ici, le calcaire? Pourquoi ?


Si la vitesse de subsidence est grande, la sédimentation est à dominante détritique (boues argileuses se transformant en schistes par diagenèse). Dans ce cas, les eaux troublées (turbides) n'offrent pas de bonnes conditions à la vie et les roches résultant de cette sédimentation sont le plus souvent azoïques, c'est-à-dire qu'elles ne contiennent pas de fossiles (c'est le cas de beaucoup de schistes en Ardenne).

Inversement, une faible vitesse de subsidence entraîne des eaux claires, habituellement peu profondes avec sédimentation carbonatée (boues calcaires se transformant en calcaire par diagenèse). Ces conditions, très favorables au développement de la vie ont été responsables des épisodes récifaux en Belgique qui ont notamment «fait» le calcaire de la Calestienne.

Source : M. BLONDIEAU - De la Meuse à l'Ardenne - N°16 (1993) - LA CALESTIENNE


Les premières étapes vont nous faire découvrir quelques phénomènes karstiques propres à toutes régions calcaires et bien évidement présents sur la Calestienne.

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LA CALESTIENNE DE GARE EN GARE: de Fraipont au musée du marbre à Rance
Il va de soi que pour réaliser ce parcours au travers de la Calestienne, l'auteur a emprunté des chemins existants en veillant bien à rester dans le domaine public. Une lettre a été adressée à chaque office de tourisme pour s’en assurer. Certains ont répondu positivement … d’autres pas encore (Nov 2013). Ce topo-guide est l'oeuvre d'un amateur, la decription des sentiers à suivre est donnée à titre purement indicatif tout comme le kilométrage et les dénivelés, et n'engage en aucun cas la responsabilité de l'auteur. Le randonneur parcourt l'itinéraire au travers de la Calestinne sous sa propre responsabilité. Le randonneur reste seul responsable, non seulement des accidents dont il pourrait être victime, mais aussi des dommages qu'il pourrait causer à autrui tels que feux de forêts, pollutions, dégradations, etc.

 

Sauf indication contraire, les textes en italique proviennent de WIKIPEDIA, l’Encyclopédie libre.

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