Dernière randonnée-découverte
de l'année. Non seulement nous allons comme à
l’accoutumé randonner mais également prendre
le temps de découvrir un patrimoine régional.
Aujourd'hui: l'Hôpital Notre-Dame à la Rose:
LE PARCOURS
PEDESTRE
Nous partirons de Ath et après
une brève visite de la ville nous rejoindrons la Dendre
et la longerons jusuq'à la Ferme de Tenre et le Moulin
de Tenre. Ancienne dépendance de l'abbaye Saint-Martin
de Tournai, le Moulin de Tenre est mentionné dès
le 13e siècle sous le nom de Moulin Beart ou de Grand
Moulin. A côté du pont, un mur de bâtiment
contient un cartouche daté de 1720. La figure qui y
est représentée symbolise saint Martin partageant
son manteau.
Nous arpenterons ensuite le site
Natura 2000 caractérisé par la présence
de peupleraies et prairies humides. Ce site comprend également
des saules têtards. Nous retraverserons la Dendre en
direction de Papignies et nous nous arrêterons en chemin
à la Chapelle Notre-Dame de la Cavée, chapelle
de pèlerinage dédiée à Notre-Dame
Consolatrice des Affligés. La chapelle fréquentée
pour les maladies infantiles est de style gothique tardif.
Elle est déjà attestée en 1458. Ensuite
direction Wannebeck et Houraing avant d'atteindre Lessines
et Notre-Dame à la Rose
NOTRE-DAME
A LA ROSE - Historique Général
(http://www.notredamealarose.com/fr/lhopital/historique-general/)
Alix de Rosoit et Arnould IV
d’Oudenaarde sont des personnages éminents au
13e siècle et ils laissent dans la région des
traces importantes: à Lessines, l’hôpital
et la ceinture de remparts (dont il reste une tour le long
de la Dendre, près de l’hôpital, tandis
qu’une autre tour et un chemin de ronde sont visibles
à l’arrière du nouvel hôtel des
postes) ; à Oudenaarde, sur la rive droite de l’Escaut,
face à Sainte-Walburge, la petite église Notre-Dame
de Pamele, joyau de la transition du roman au gothique.
Agé de plus de 60 ans en 1242, le seigneur
Arnould IV espérait sans doute terminer sa vie en paix.
Mais le roi de France Louis IX, en guerre contre le roi d’Angleterre
Henri III, profita du traité d’allégeance
signé plus tôt par les seigneurs flamands pour
les appeler à l’aide. Arnould IV fut donc contraint
de repartir à la guerre malgré son âge.
Il prit soin de rédiger son testament et d’y
inclure une disposition en faveur des pauvres : dans l’espoir
de racheter leurs fautes et d’accéder au paradis,
riches et puissants avaient coutume de prévoir un important
don d’argent à distribuer aux pauvres le jour
de leurs funérailles.
Blessé à la bataille de Taillebourg
près de Poitiers, en 1242, Arnould décède
quelques semaines plus tard. Son épouse Alix, héritant
d’une fortune considérable, se chargera de réaliser
les dernières volontés de son mari. Plutôt
que de distribuer l’argent, sans doute eut-elle l’idée
d’ »investir » dans la fondation d’un
hôpital pour les pauvres.
L’hôtel-Dieu lessinois est contemporain
de tout le mouvement hospitalier qui se développa en
Europe aux 12e et 13e siècles. A la fin du 12e, en
effet, on assiste, dans les comtés de Flandre et de
Hainaut, à la création de nombreux hôpitaux.
L’hôpital Saint-Jean de Bruges, fondé vers
1180, fut l’un des premiers, l’un des plus célèbres
et l’un des mieux conservés. On citera aussi
les hôpitaux Saint-Jean de Damme, l’hospice Comtesse
de Lille, Notre-Dame de la Bijloke à Gand, les hôpitaux
de Tournai et de Bruxelles… Les hospices de Beaune ne
furent fondés que beaucoup plus tard, au milieu du
15e siècle.
Ces hôpitaux étaient destinés
à accueillir les pauvres malades indigents, les laissés-pour-compte
de la société. A l’époque, à
l’abri des ceintures de remparts, les populations des
villes connaissaient une croissance démographique importante.
Mais il n’existait aucune forme de sécurité
sociale; les petits artisans ou commerçants qui tombaient
malades perdaient très vite leur gagne-pain et risquaient
de se retrouver à la rue, obligés de mendier
pour survivre.
Cette situation sociale posa rapidement des
problèmes aux gouvernants des cités qui tentèrent
de les résoudre en créant des hôpitaux.
Ces institutions accueilleront ceux qui ne peuvent se payer
une « médecine privée » à
domicile, réservée aux nobles et aux bourgeois.
Notre hôpital fit donc son apparition
à une époque de prospérité pour
Lessines, qui connaissait un certain développement
depuis le 12e siècle. L’industrie drapière
était en pleine expansion et le commerce se développait
grâce à la construction de Halles et surtout
grâce à la Dendre, la rivière qui passe
sous l’hôpital et qui permet d’acheminer
des draps et autres produits vers l’étranger.
Mais ce développement et l’accroissement
de la population à Lessines allaient favoriser l’apparition
de maladies et d’épidémies. L’hôtellerie
pour lépreux et le béguinage n’étant
plus suffisants pour subvenir aux besoins des indigents, l’ouverture
d’un asile hospitalier devint une nécessité.
Le plus ancien document des archives de l’hôpital
est une charte (juin 1243) de Jean d’Oudenaarde (fils
de Alix et Arnould) attribuant 100 livres de revenus annuels
à l’hôpital, somme considérable
à prendre sur les domaines de Maubeuge et Feignies
appartenant à Alix. L’institution de l’hôpital
est certainement antérieure.
Lorsqu’Alix de Rosoit fonda cet hôpital
en y établissant une communauté religieuse,
son intention était double : y assurer la prière
pour le repos de l’âme de son mari, Arnould d’Oudenaarde,
et y faire oeuvre de charité en accueillant «
les malades dont la santé est telle qu’ils ne
puissent aller mendier de porte en porte… ».
Au Moyen Age, religion et vie quotidienne
sont intimement mêlées. Pour la fondatrice, derrière
l’oeuvre de charité se cache aussi le souci de
racheter les fautes du lignage pour accéder au paradis.
En fait, l’hôpital créait
une double solidarité: d’une part, entre les
bienfaiteurs de l’institution et les malheureux qui
y étaient hébergés, d’autre part,
entre l’élévation spirituelle de la souffrance
des malades et la misère morale des donateurs bien
nantis. Peut-être Alix de Rosoit pensait-elle aussi
à conforter la position des Oudenaarde, en se ménageant
les faveurs de l’évêché et la reconnaissance
des gens de Lessines.
Durant des siècles, l’hôtel-Dieu
lessinois bénéficiera de donations et privilèges
financiers en tous genres; il sera protégé par
les rois, princes, ducs, papes et évêques. |